Interview de Pierre Rabhi.
Témoignage et convictions d’un homme rare et engagé,
il prône LA SOBRIÉTÉ HEUREUSE :
un mode de vie consistant à réduire volontairement sa consommation,
ainsi que les impacts de cette dernière,
en vue de mener une vie davantage centrée sur les valeurs “essentielles”.  

Cet engagement personnel et/ou associatif découle de multiples motivations qui vont habituellement accorder la priorité aux valeurs familiales, communautaires et/ou écologiques.

On peut trouver la trace de son origine en Europe dans les écrits de Léon Tolstoï et de John Ruskin (Unto This Last), et en Amérique du Nord dans les écrits de Henry David Thoreau (Walden).

Il est représenté, par exemple, par le mouvement des Compagnons de Saint François ou encore les Communautés de l’Arche de Lanza del Vasto, inspiré par Gandhi, lui-même inspiré par Thoreau et Ruskin. On le retrouve aussi au Québec, province du Canada, sous l’influence de penseurs comme Serge Mongeau et des éditions écosociété.

Si on peut trouver l’origine de la sobriété heureuse (simplicité volontaire) chez les différentes formes d’ascétisme grecques et orientales, ces dernières étaient surtout motivées par une philosophie mystique, et c’est donc plutôt chez les stoïciens, les cyniques, et surtout chez épicure qu’ont peut voir la réelle apparition du concept de simplicité volontaire.

En effet, épicure, dont Bergson se réclame d’ailleurs explicitement, procède à une critique approfondie des besoins, qui ressemble fort à celle proposée par la simplicité volontaire. Sa pensée, ainsi que celle des cyniques, nous invite à discerner le nécessaire du superflu, le naturel de l’artificiel, et à un retour vers la simplicité.

En Occident, les communautés monastiques furent les premières organisations de vie à choisir volontairement la frugalité et à pratiquer l’autosuffisance et même avant la secte des esséniens (adepte de l’alimentation crue). Saint François d’Assise, « l’unique parfait chrétien depuis Jésus » selon Ernest Renan, est aussi considéré comme un modèle de sobriété heureuse.

En Orient, on trouve également de nombreux modes de vie (hindouisme, bouddhisme) prônant la simplicité volontaire. La vie de Gandhi est un exemple de simplicité.

La sobriété heureuse consiste à rechercher le bonheur dans l’appréciation pour améliorer la véritable ‘ qualité de vie ‘. Elle s’oppose donc au discours économique et social dominant au XXIe siècle qui tend à considérer tout progrès technique et développement de la consommation comme des améliorations de la qualité de la vie. – La philosophie de vie est née de l’opinion que la consommation n’apporte pas le bonheur et accroît l’aliénation.
Plus précisément, plusieurs motivations sont possibles : éthique, économique, écologique et spirituelle,- entre autre…