par Manlio Dinucci

Le 8 octobre 2008 Il manifesto

« Trois jours après son approbation, le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars, qui aurait du calmer le système financier mondial, apparaît comme un caillou jeté dans une mer en pleine tempête ». Cette conclusion inconfortable, tirée du New York Times d’hier (6 octobre 2008, NDT) n’est pas étonnante. Pour comprendre quelles sont les dimensions et implications de la bulle spéculative qui a explosé dans le système financier mondial, il suffit de penser que dans les Bourses de New York et Paris, gérées par le groupe financier Nyse Euronext, opèrent 4 mille sociétés dont les actions ont gonflé (souvent à travers des mécanismes spéculatifs) jusqu’à une valeur totale de plus de 50 mille milliards de dollars, équivalent à la valeur de tous les biens et services produits annuellement sur tout le globe.

Le « plan de sauvetage » lancé aux Etats-Unis avec un décaissement massif d’argent public démontre que, contrairement à ce que certains soutiennent, la mondialisation ne comporte pas la disparition des Etats, lesquels continuent à jouer un rôle important de soutien de leurs élites respectives économiques et financières et de leurs groupes multinationaux.

Bien que détenant encore la plus grande économie du monde, les Etats-Unis sont en train de perdre du terrain par rapport à l’Union Européenne, au Japon et à la Chine. D’où la nécessité de soutenir leurs propres intérêts par la force militaire, pour maintenir leur suprématie.

Ceci implique une dépense militaire croissante. Tandis que l’attention mondiale était concentrée sur le « plan de sauvetage », un fait est passé quasiment inaperçu : le Congrès des Etats-Unis a approuvé à une écrasante majorité bipartisane, pour l’année fiscale 2009 (qui commence le 1er octobre 2008), une dépense militaire de 612 milliards de dollars. Celle-ci comprend le budget du Pentagone, en augmentation de 74% depuis que l’administration Bush est entrée en fonction en 2001, et de 70 milliards de dollars pour les guerres en Irak et Afghanistan. Mais ça n’est pas tout. Le budget du Pentagone atteindra à coup sûr ou dépassera, au cours de l’année fiscale, le chiffre de 515 milliards de dollars requis par l’administration Bush, et les 70 milliards pour les guerres ne sont qu’un acompte. Il faut ajouter à cela 10 milliards pour les armes nucléaires (portés au budget du Département de l’énergie), et au moins 50 milliards pour le « programme national d’intelligence » (intelligence est le nom qu’on donne aux services secrets, cela n’implique pas forcément que les autres services en soient dépourvus, NDT) et d’autres autres postes qui portent le total de la dépense militaire annuelle des Etats-Unis bien au-delà du « plan de sauvetage ».

Cette colossale dépense militaire, équivalente à la moitié environ de la dépense mondiale, est payée avec l’argent public. Elle contribue ainsi de façon non négligeable à accroître le déficit du budget fédéral, prévu à 407 milliards de dollars pour l’année fiscale 2009. Le déficit, à son tour, accroît la dette publique. Une autre nouvelle passée inaperçue du fait de l’attention portée au « plan de sauvetage », tout comme l’approbation du budget militaire, est le fait que la dette publique étasunienne a dépassé les 10 mille milliards de dollars, équivalents à plus de 70% du Pil. Depuis que l’administration Bush est entrée en fonction en 2001, cette dette a augmenté de plus de 70%.du Pib. Un véritable record.

Qui paye tout ça ? Dans les médias on ne parle que des investisseurs qui sont en train de perdre de l’argent à la suite de la crise financière. On ne parle pas par contre des conséquences dans les couches les plus défavorisées de la population étasunienne, aggravées par les coupes croissantes dans les dépenses sociales. C’est ainsi qu’est aussi passée inaperçue, tout comme les dépenses militaires et le super-déficit, la nouvelle que les citoyens étasuniens obligés d’avoir donc recours aux food stamps (bons pour la fourniture de nourriture) ont augmenté en trois mois de 28 à 29 millions de personnes. Ils peuvent se consoler en pensant que les Usa dépensent chaque mois 16 milliards de dollars pour les guerres en Irak et en Afghanistan. Ce qui, souligne le Pentagone- permet de « capturer ou tuer les terroristes qui menacent les Etats-Unis, leur peuple et leurs intérêts dans le monde ».

Edition de mercredi 8 octobre 2008 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Qotidiano-archivio/08-Ottobre-2008/art42.html
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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