A l’heure où l’on tente par tous les moyens de sauver le monde « riche » de la récession à coups de centaines de milliards de dollars, qui sortent d’on ne sait où, le sujet de l’aide au « développement », en pleine crise alimentaire, n’a pas fait le poids ce week-end, lors de l’assemblée générale annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

Ce sont pourtant ces mêmes institutions qui imposent depuis 3 décennies aux pays « pauvres » des restrictions budgétaires drastiques pour faire face à leurs dettes. En les obligeant, par la même occasion, à se lancer à corps perdu dans la mondialisation, le libre-échange, le libéralisme et l’exportation massive de produits de base soumis aux aléas boursiers. Situation bien pratique ayant permis, année après année d’enrichir quelques élites, nos pays et les multinationales, d’alimenter le système financier spéculatif et de fournir nos supermarchés en divers produits ‘pacher pacher’, hors saison, obtenus en déboisant et surexploitant les terres et l’eau de ces pays, pendant qu’une grande partie de leur population crève de faim. Oui, crève de faim !

Or ces pays ont déjà remboursé 10 fois la somme initiale empruntée aux pays riches et au secteur privé et une bonne part de ces dettes sont illégitimes (accordées à des dictateurs par exemple). L’état catastrophique de l’environnement mondial est directement lié à cette situation, sans parler de l’instabilité sociale et politique de nombreuses régions. Tant que l’on poursuivra sur cette lancée, on foncera TOUS droit dans le mur.

Mais le monde du 2 poids, 2 mesures continue donc. Rick Rowden, d’ActionAid, l’explique bien : ‘si les pays riches essaient désormais d’atténuer les conséquences d’une récession qui s’annonce en abaissant leur taux d’intérêt et en accroissant les dépenses publiques, alors pourquoi les pays en développement ne pourraient-ils pas être autorisés à faire de même?’. Même son de cloche du côté d’Oxfam : ‘le rôle du FMI lors d’une crise est d’obtenir des prêts peu coûteux pour les pays en développement, rapidement et avec peu de conditions. Tout ce qui sera en-dessous de cela n’aidera en rien. Et le FMI échoue toujours dans cette tâche simple, Alors que le monde développé a dégagé plus de 1 000 milliards de dollars en quelques semaines pour empêcher ses banques de faire faillite, il ne parvient pas à trouver 1 % de cette somme pour aider les pays les plus pauvres à surmonter la crise alimentaire’. Crise qui concerne près d’1 milliard de personnes.

Aujourd’hui, c’est la journée mondiale d’action contre la dette illégitime, les Institutions Financières Internationales et le changement climatique. Et personne n’en parlera en dehors éventuellement de quelques blogs et autres médias alternatifs et indépendants.

Le parallèle avec la crise financière et économique est pourtant intéressant : quel sera en effet l’impact de cette dette colossale (et des intérêts liés) que nous contractons tous, contraints et forcés, pris en otages, pour sauver le système financier de son auto-destruction ? Pour rappel une dette illégitime est celle qui a été contractée contre les intérêts de la population d’un Etat, sans son consentement et en toute connaissance de cause par les créanciers . Il faut, en outre, qualifier d’odieuses toutes les dettes contractées en vue du remboursement de dettes considérées comme odieuses.

Pour finir je vous laisse sur cette citation d’Immanuel Wallerstein du 11 octobre dernier :

Mais le fait que cette phase corresponde actuellement à une crise de système nous a fait entrer dans une période de chaos politique durant laquelle les acteurs dominants, à la tête des entreprises et des Etats occidentaux, vont faire tout ce qu’il est techniquement possible pour retrouver l’équilibre, mais il est fort probable qu’ils n’y parviendront pas. Les plus intelligents, eux, ont déjà compris qu’il fallait mettre en place quelque chose d’entièrement nouveau.
Mais de multiples acteurs agissent déjà, de façon désordonnée et inconsciente, pour faire émerger de nouvelles solutions, sans que l’on sache encore quel système sortira de ces tâtonnements. Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement.
Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu’il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif.’

A NOUS DE FAIRE PENCHER LE SYSTEME DANS LE BON SENS..!