G20: no chance for any change! –
A. Rappel des faits.

La réunion plénière du G20 à Londres en date du 2 avril 2009 a fait l’objet de multiples commentaires élogieux de la part de toutes les « personnalités autorisées ». En toile de fond, pratiquement tous les médias nous ont ouvert les yeux sur l’un des plus beaux spectacles de l’après-guerre, celui d’un monde en marche vers une moralisation des affaires et vers une mise au pas de la Haute Finance.

Dans ce contexte, notre projet d’écrire plusieurs articles sur ce thème paraît ubuesque.

Et pourtant, pour comprendre où l’on va, il est essentiel de comprendre d’où l’on vient.

Ce premier article va donc parler des bases de ce G20, totalement « oubliées » par les médias. D’une part, cette organisation est une machine bien rodée, totalement phagocytée par les grands partisans du néolibéralisme. D’autre part, tous les « spécialistes », appelés au chevet du système économique mondial, auraient dû être démis de leurs multiples fonctions pour avoir plongé le Monde entier dans de telles souffrances depuis deux générations, et peut-être même pour plusieurs générations à venir… si nous ne réagissons pas tous ensemble…

D’autres articles seront nécessaires pour « rentrer » dans cette machinerie néolibérale et pour décortiquer les décisions perverses de ce système de gouvernance.-
B. « Un nouvel ordre mondial émerge ».

Avec un article intitulé « Un nouvel ordre mondial émerge », LE FIGARO reprend en choeur les plus beaux éloges des grands acteurs pour ce spectacle mondialisé : « OBAMA se réjouit d’un tournant » ; « DSK parle du plus grand plan jamais vu » ; « MEDVEDEV évoque un pas en avant » ; « BARROSO parle d’un G20 plus ambitieux que prévu » ; « WASHINGTON (est) satisfait des conclusions du G20» ; ce fut « un compromis historique pour Angela MERKEL », et « une nouvelle de coopération économique pour Gordon BROWN »…

Dans le JDD, nous avons eu droit aux avis de J.C JUNCKER et de J.C TRICHET : « ‘Je crois que les décisions du G20 offrent une bonne dose de confiance pour le système opérationnel’, a déclaré Jean-Claude Juncker, président de l’EUROGROUPE. Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a estimé que ces décisions devaient être mises en oeuvre rapidement : ‘La rapidité et la perfection dans la mise en oeuvre est un élément essentiel maintenant et on a tous les éléments pour renforcer la confiance’.

Le « nec plus ultra » vient de la Haute Finance française, réunie pour l’occasion au sein de la Fédération Bancaire Française avec : Baudoin PROT (BNP-Paribas), Etienne PFLIMLIN (Crédit Mutuel), Frédéric OUDEA (Société Générale), Philippe DUPONT (Banques Populaires), Bernard COMOLET (Caisses d’Epargne), Georges PAUGET (Crédit Agricole) et Didier MIGAUD (Commission des Finances).

Savourons donc leur communiqué : « La Fédération bancaire française (FBF) a salué dimanche 5 avril des ‘avancées considérables et concrètes’ sur la régulation financière après le sommet du G20. Elle a indiqué que les banques françaises allaient se conformer aux mesures prises pour lutter contre les paradis fiscaux. ‘Les banques françaises se conformeront, comme elles l’ont toujours fait, aux dispositions’ qui découleront des déclarations du G20 contre les paradis fiscaux, affirme la fédération dans un communiqué.

Plus généralement, la FBF ‘se félicite’ des ‘avancées’ sur la régulation financière décidées lors du sommet.

Elle rappelle que le G20 a décidé jeudi de remplacer le Forum de Stabilité financière (FSF) par un Conseil de Stabilité financière (FSB) au mandat et à la composition élargis, dans le cadre de sa volonté de renforcer la régulation et la supervision financières mondiales.

La FBF ‘salue’ cette décision et ‘accueille avec satisfaction l’extension de la régulation et de la supervision à l’ensemble des institutions, des instruments financiers et des marchés’.

Elle se dit aussi satisfaite des ‘remarquables avancées obtenues’ sur ‘les normes prudentielles et comptables’ et l’organisation des marchés, mais estime qu’il reste encore ‘un travail important à réaliser pour tenir pleinement compte des enseignements de la crise’.

Enfin, « La FBF indique qu’elle ‘souhaite contribuer aux travaux en cours’ et fera de nouvelles propositions ‘dans les prochaines semaines’ ».

Bien sûr, ce G20 n’aurait pas existé sans l’hyper-président français qui « avait proposé cette réunion et en avait recommandé son organisation à LONDRES ». Cette réunion fut donc un succès : « Il (N. SARKOZY) annonce par ailleurs avoir obtenu du sommet du G-20 un «engagement des chefs d’Etat et de gouvernement d’un renforcement de la réglementation et de la supervisation (?) des activités financières». «Les hedge funds seront désormais réglementés», précise le président français.

Le grand organisateur de ce G20 a donc pu annoncer la suite : « Il annonce (N. SARKOZY) un «3e sommet du G20 à New York en septembre, «pour une évaluation de tout ce qu’on a décidé».
C. Le G20 : une évangélisation rondement menée depuis 1967.

Le G5 a été créé en 1967 sur une initiative des Etats-Unis et du Royaume-Uni (G2) pour évangéliser le monde et le convertir aux vertus du néolibéralisme : l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et le Japon ont donc permis de créer le G5-Finances qui « nous colle à la peau » depuis lors dans toutes les relations internationales.

Entre-temps, le prosélytisme a fait du chemin : le G5 est devenu le G6 avec l’Italie en 1975, puis le G7 avec le Canada en 1976, puis le G8 avec la Russie en 1998.

Face à cette domination financière des plus ardents défenseurs d’une globalisation « subventionnée » à outrance, un G21 fut créé lors des négociations de Cancún en 2003 entre l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Chine, la Colombie, le Costa Rica, Cuba, l’équateur, le Salvador, le Guatemala, l’Inde, le Mexique, le Pakistan, le Paraguay, le Pérou, les Philippines, l’Afrique du Sud, la Thaïlande et le Venezuela. Ce groupe revendiqua un meilleur accès aux marchés agricoles des pays développés et une disparition des systèmes de soutien qui causent des distorsions dans les échanges. Ces revendications n’avaient rien à voir avec la Haute Finance !

Par contre en 1998, le G22 (entrée de l’Egypte) fut bien obligé de s’intéresser au « monde de la Haute Finance » car la crise financière des marchés émergents atteignit tous les continents et tous les pays, y compris les Dragons Asiatiques qui semblaient hors d’atteinte de ce premier séisme mondial. Le « Williard Group » (G22) se préoccupa cette fois de la stabilité du système financier international ainsi que du fonctionnement des marchés de capitaux.

L’occasion était trop belle : le G8 allait pouvoir évangéliser de nouveaux candidats en créant le G20. Pour cela, il fallait d’abord éliminer les candidats les plus gênants : la Bolivie, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, Cuba, l’équateur, le Salvador, le Guatemala, le Pakistan, le Pérou, le Paraguay, les Philippines et le Venezuela. Le G22 fut donc réduit à neuf mais le nouveau G20 n’était pas encore en place : G8 + (22 – 13) = 17.

Pour arriver au « G20 Financier », il fallait faire entrer la Turquie, membre de l’OTAN, alliée des Etats-Unis et grand soutien d’Israël, puis la Corée du Sud, autre affidé américain. Mais il fallait surtout introduire l’Union Européenne, l’allié le plus utile pour faire appliquer les bonnes règles libérales et néolibérales dans tous les pays européens, membres et candidats déclarés ou non encore déclarés.

Cerise sur le gâteau, la BCE s’est invitée à la table des négociations, non pas comme banquier central de l’EUROSYSTEME au sein de l’Union Européenne, mais comme « Membre Institutionnel
» au même titre que le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale.

Cette fois, le G20 est bien celui que l’on connaît mais nous sommes en 1999… et pas en 2009. La Haute Finance occidentale voulait faire entrer de nouveaux prédicateurs : chose promise, chose faite.
D. Derrière ces institutions et ces administrations, qui sont ces bienfaiteurs de l’Humanité ?
Petits rappels : la première réunion inaugurale fut tenue à Berlin le 15 et le 16 décembre 1999 et, depuis lors, les présidences tournantes ont été les suivantes : 1999-2001 Canada ; 2002 Inde ; 2003 Mexique ; 2004 Allemagne ; 2005 Chine ; 2006 Australie ; 2007 Afrique du Sud ; 2008 Brésil ; 2009 Royaume-Uni.

En réalité, les soutiers officiels du système ne sont pas au nombre de vingt-trois membres (19 pays + U.E + les trois « Membres Institutionnels ») puisque chaque pays (19) est représenté par son Ministre des Finances et son Gouverneur de Banque Centrale, auxquels sont rattachés plusieurs centaines de Hauts Fonctionnaires, choisis pour leurs parfaites convictions néolibérales au sein des administrations nationales et internationales.

Bien sûr, « les Membres Institutionnels » sont là pour orienter les débats : les rapports, les discours, les participations dans les groupes de travail et les interventions en coulisse font partie des préliminaires et du show final.

Dans les grandes réunions internationales, il faut aussi « montrer les marionnettes » du système, les Chefs d’Etat. Les « journalistes accrédités » braquent donc les micros et les caméras sur la Grande Parade pour montrer la « sincère amitié » et la « dimension internationale » de nos dirigeants. Bienvenue aux accolades, aux frappes dans le dos, aux bisous amicaux et aux faux scoops sur les talents de négociateurs des uns et des autres.

Parmi les grands zélateurs du système, citons quelques noms et qualités : Thimoty GEITHNER, Secrétaire au Trésor des Etats-Unis, le modèle absolu pour les plus hauts fonctionnaires internationaux et financiers ; Dominique STRAUSS-KAHN, Directeur Général du FMI et (entre autres) ancien Ministre de l’Economie et des Finances de la France ; Robert ZOELLICK, président de la Banque Mondiale, imposé par BUSH II Junior alors que ce personnage n’aurait jamais dû diriger une telle institution puisqu’il faisait partie des « Vulcains » (les faucons de la guerre et de l’armement).

Pour situer les options philosophiques des autres membres, il est utile de rappeler que personne ne peut devenir ni le Gouverneur d’une Banque Centrale ni le Ministre des Finances d’aucun des pays membres… sans avoir été coopté par les banquiers commerciaux ou par les assureurs (qui généralement sont actionnaires des banques les plus importantes).
E. Conclusion.

La messe était dite avant même toute réunion : les décisions seraient TOUTES favorables à la Haute Finance et au maintien des grands piliers du néolibéralisme.

Les commentaires élogieux ne sont donc pas un hasard : ils font partie de la campagne de désinformation pour camoufler une opération de sauvetage du système néolibéral en pleine banqueroute.

Nous allons donc passer un peu de temps sur « l’émergence d’un nouvel ordre mondial »… qui sera celui du « Chaos Mondial »… si nous n’y prenons pas garde…

Merci de réagir, et surtout de faire réagir le plus grand nombre d’entre nous,

ALTER-EUROPA

Pour une Autre Europe…

Et (bien sûr) pour un Autre Euro…

JUNON MONETA

[1] « Aucune chance pour un quelconque changement ».