monnaie locale complémentaire-l'abeilleL’expérimentation a été lancée localement il y a six mois. « Cela nous a permis de mesurer les difficultés auxquelles étaient confrontés les consommateurs et de recadrer le projet », reconnaît volontiers Patrick Figeac, l’un des initiateurs de la monnaie locale complémentaire baptisée « l’abeille ». Laquelle sera officiellement lancée samedi matin.

Les dirigeants de l’association Agir pour le vivant tiendront alors un stand, de 8 heures à 12 heures, sous la halle de Villeneuve-sur-Lot. Ils y informeront la population et proposeront des enveloppes regroupant différents billets pour une valeur globale de 50 abeilles, soit 50 euros.

« Nous ne sommes ni des utopistes ni de doux rêveurs. Actuellement, à travers le monde, on dénombre plus de 5 000 monnaies locales complémentaires. L’objectif ne consiste pas à se substituer à l’euro, mais à mettre en place une monnaie favorisant le développement économique local. Et ce, à travers un partenariat basé sur le respect de l’environnement », précise Françoise Lenoble.

Projets éthiques

« L’abeille a pour vocation de devenir un outil de développement durable. Nous voulons, à travers elle, redonner à la monnaie sa valeur initiale. à savoir celle d’un vecteur d’échanges permettant de développer les productions locales. Et non une valeur strictement spéculative, comme c’est le cas aujour-d’hui pour 95 % des échanges financiers mondiaux », explique Patrick Figeac.

Ces billets, dont la valeur fiduciaire est calquée sur celle de l’euro (à savoir une abeille représente un euro), fonctionnent sur la base d’un partenariat noué avec des producteurs locaux. Lesquels s’engagent à suivre scrupuleusement une charte qui se veut respectueuse de l’environnement.

« à travers la mise en circulation de cette monnaie complémentaire, nous essayons d’agir afin de contrer les dérives de la mondialisation. Il nous faut dès à présent oeuvrer pour l’avenir de la planète, qui devra relever deux challenges de taille. D’une part, les conséquences liées au réchauffement climatique. D’autre part, relever les défis liés à l’ère de l’après-pétrole », affirme Françoise Lenoble.

Comme on le voit, l’émission de cette nouvelle monnaie incarne des engagements visant à de profonds changements de société. Ainsi, 2 % de la valeur des billets émis sera épargnée afin de financer par la suite des prêts pour des projets éthiques.

Concrètement, les particuliers désireux de s’inscrire dans le réseau de cette monnaie complémentaire achèteront des abeilles. Devises avec lesquelles ils pourront commercer avec une vingtaine de professionnels du cru représentant tous les secteurs d’activité.

« à travers cette nouvelle charte, les partenaires s’engagent à respecter un cahier des charges des plus stricts. Ainsi, le boulanger se fournira exclusivement, pour l’approvisionnement de sa farine, auprès d’un meunier local », indique Hervé Ricard.

à l’heure de la mondialisation et de ses dérives financières, le fonctionnement de l’abeille préconise au contraire un renforcement du commerce local et de proximité. Un protectionnisme qui se veut de bon aloi.

 

Auteur : Jérôme Souffrice

Source: http://www.sudouest.com/lot-et-garonne/actualite/article/841899/mil/5615332.html