Même en période de crise, le président n’oublie pas ses amis milliardaires. Ainsi, dans la nuit du 21 au 22 octobre, il a fait passer un amendement de son fidèle député des Hauts-de-Seine, Frédéric Lefebvre, pour faire bénéficier son ami milliardaire Bolloré d’un avantage fiscal considérable supplémentaire.

C’est un beau cadeau que vient de faire Nicolas Sarkozy à son ami, avec notre argent !

Et quelle riche idée de l’emballer sous l’étiquette du co-développement !

En votant le projet de loi de finances 2009, dans son volet recettes, les députés s’attendaient plutôt à des mesures restrictives, étant donné la crise que nous traversons et la dette publique qui s’alourdit. Eh bien non ! Au diable l’avarice, soyons généreux avec les amis qui comptent, ou qui savent compter devrait-on dire.

L’emballage est parfait et l’on ne devinerait pas, à lire l’exposé des motifs du texte, qu’il s’agit de favoritisme : ‘participer au développement et à la création d’emplois dans les pays en voie de développement et plus particulièrement en Afrique’. L’amendement voté concerne les 255 sociétés françaises implantées en Afrique. On pourrait donc objecter qu’y voir un vice caché serait de la pure malveillance. Seulement voilà, l’amendement aura un effet rétroactif. Or, ‘lorsqu’on crée une niche fiscale, c’est d’habitude pour attirer les investisseurs. Là, on va défiscaliser l’ensemble des investissements réalisés depuis l’année dernière, c’est on ne peut plus étrange’, fait justement remarquer le député socialiste Jérôme Cahuzac. Etrange ? Vous avez dit étrange ? Etrange en effet !

Bizarre même quand on pense que tous les députés s’attendaient plutôt à des suppressions d’avantages fiscaux. La Commission des finances de l’Assemblée nationale n’a-t-elle pas adopté, le 17 septembre, un amendement instaurant un plafonnement global des niches fiscales pour le financement du RSA ? On semblait donc s’orienter vers des remises à plat de ces privilèges. Mais voici que l’on crée une nouvelle niche fiscale !

D’un autre côté, on commence à mieux percevoir le double discours du gouvernement qui fait mine d’un côté (dans les médias) de s’attaquer aux abus et qui de l’autre (dans l’ombre de l’hémicycle quasi désert) les consolide. Ceux qui suivent le dossier de la fiscalité se souviennent du rejet par les députés, le 23 octobre, de l’amendement de Didier Migaud qui visait à corriger une ‘anomalie’ de la loi TEPA, anomalie prétendument involontaire qui permet aux riches de cumuler les avantages des niches fiscales et du paquet fiscal. Le ministre du Budget, Eric Woerth, a bien reconnu l’existence de l’anomalie, mais il a fait pression pour que soit rejeté l’amendement afin que nos riches milliardaires puissent profiter de ce cumul très favorable pendant au moins une année encore.

Ainsi vont les choses en Sarkozie : du côté de la lumière des projecteurs, on fait de fracassantes déclarations, l’on prend des poses de Robin des Bois pour dénoncer les paradis fiscaux, les parachutes dorés, les abus de toutes sortes, en criant à qui veut l’entendre que l’on va corriger sans délai ces injustices. Mais, du côté ombragé où cela se décide, on agit tout autrement. Pour rendre encore plus opaque la mesure afin qu’elle échappe à la compréhension du grand public, on la rend illisible en lui donnant la forme d’un document de quatre pages d’une ‘complexité technique effrayante’, aux dires mêmes des députés, pourtant aguerris, qui ont eu à l’examiner.

”Pendant la crise, les cadeaux fiscaux continuent”, s’est écrié le Parti socialiste. Habile communicant, le président s’est empressé de reprendre la formule et de la détourner : ‘Pendant la crise, la maladie d’Alzheimer continue de faire des ravages.’ Allons, Mesdames et Messieurs de l’opposition, vous n’avez donc pas de coeur ? Ne voyez-vous pas ces pauvres personnes âgées malades… La manipulation médiatique bat son plein et les privilèges perdurent. A quand la Nuit du 4 août de l’abolition des privilèges ?