ça fait froid dans le dos. Bonne journée quand même à tou(te)s les ami(e)s de la Terre…
Dernier avatar: la centrale nucléaire portable
(Source Libération)
Hyperion Certaines informations fleurent bon le canular. Et pourtant… La société américaine Hyperion Power Generation s’apprête à développer des centrales nucléaires de petite taille. Portatives même puisqu’elles seront aisément transportables en train, par les voies navigables et même les routes. D’une hauteur moyenne de 1,5 mètre et d’une capacité de 25 MW électriques à 70 MW selon les modèles, elles seront destinées à alimenter l’équivalent d’environ 20000 maisons américaines.
Difficile de croire à ce nouvel objet délirant: la centrale nucléaire privée, à installer dans les zones isolées des réseaux électriques centralisés. Ce n’est pas une centrale destinée à être enterrée au fond du jardin, mais qui pourrait servir à des bâtiments bien spécifiques. Mais le canular se transforme en cauchemar quand on sait qu’en octobre 2008, le staff d’Hyperion s’est rendu à Vienne, au siège de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour présenter son module portatif de ‘batterie nucléaire’. ‘A l’origine, notre module est conçu pour produire une énergie propre, bon marché, pour des installations industrielles isolées comme l’extraction de sables bitumineux, ou le dessalement de l’eau de mer, … Mais nos premiers engagements commerciaux concernent des communautés en quête d’une énergie sûre, surtout en Europe.’ a déclaré le patron d’Hyperion, John R. Deal. C’est à dire des campus, des hôpitaux, des camps militaires, … Des lieux ayant besoin de sécuriser leur fourniture en électricité.
Le module a été conçu par les scientifiques du Laboratoire national de Los Alamos (Nouveau Mexique), et notamment un fameux Otis Peterson. Grâce à un transfert de technologie, Hyperion a obtenu la licence pour développer et commercialiser la bête. Le capital d’Hyperion -inconnu- a été constitué auprès du groupe Altira, un fonds de capital-risque spécialisé dans le domaine de l’énergie et basé à Denver, où le pétrole coule à flots. Depuis leur annonce durant l’automne 2008, les concepteurs recherchent ardemment des clients. Mais impossible de vérifier puisqu’ils ne délivrent ni les noms, ni leurs contacts à l’AIEA. Et là, les communiqués pleuvent: trois usines réparties sur le globe devraient produire 4000 unités de la première mouture du module. Cent commandes fermes auraient été passées (des noms!). Il faut compter 25 à 30 millions de dollars l’unité. Les premières livraisons doivent démarrer en 2012/2013.
Contactée, l’Agence reste pour l’instant muette sur le sujet… Je la comprends: que dire à propos des déchets, de la sûreté, de la prolifération? Sur son site, le patron d’Hyperion affirme que ‘la sûreté et la sécurité sont notre priorité. Après tout, nous aussi nous vivons sur cette planète’. C’est l’argument que je préfère 😉 La Commission de régulation nucléaire américaine devra valider leur design. ‘Mais nous déposerons une demande d’autorisation quand l’heure sera venue’ précise John R. Deal. Il parait que le module est compatible avec les critères de non prolifération du programme Gnep. Peu connaissent ce partenariat global sur l’énergie nucléaire, mené sous la houlette américaine et censé encadrer la relance du nucléaire dans le monde (traduit autrement, cela donne: comment vendre nos centrales à des pays -dangereux, peu démocratiques, économiquement fragiles, …- mais en contrôlant l’ensemble du cycle du combustible: production, enrichissement, retraitement, enfouissement).
Spécifications de la bête selon Hyperion.
1. 1,5 mètre de hauteur pour la cuve-réacteur, l’équivalent d’une baignoire quoi.
2. Produirait 70 MWt ou 25 MWe, de quoi alimenter l’équivalent de 20000 résidences américaines.
3. Enfouie sous terre.
4. Transportable par train, bateau, camion.
5. Module scellé. Ne sera jamais ouvert sur le site de production.
6. Fournira du courant durant au moins cinq ans.
7. Ensuite, reconduite dans l’usine de fabrication.
8. Pas de parties mécaniques dans le coeur qui pourraient dysfontionner
9. Ne peut pas atteindre l’état critique. L’eau n’est pas utilisée pour refroidir.
10. Pas de gaz à effet de serre.
11. Pensez-y: ce n’est une grosse batterie.
Source Libération / http://environnement.blogs.liberation.fr/noualhat/2009/02/dernier-avatar.html
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