La première manifestation globalisée :

Le 18 janvier 800.000 manifestants ont envahi les rues de Washington et de San Francisco, pour manifester contre les projets de guerre contre l’Irak, annoncés par Bush et son équipe. Nouvelles manifestations « globalisées », ce Dimanche 16 février : New York (250.000), Montréal (150.000), Mexico (30.000), Madrid (2.000.000), Londres (2.000.000), Rome (1.000.000), Paris (200.000), Berlin (1.500.000), Tokyo (25.000), Sydney (200.000). Au plan mondial c’est la plus manifestation mondiale pour la paix qui ait jamais eu lieu. Il est important de jauger correctement le poids politique énorme de ce genre de manifestations. En effet Internet a permis une mobilisation extrêmement rapide et mondiale avant la guerre. Les citoyens se sont invités à la table des dirigeants, pour faire entendre leur point de vue. Et ils ont réussi à se faire entendre. Oui c’est une victoire politique. Car les signes politiques récents montrent que les politiciens ont été obligés de réviser leurs positions. Malgré que dans le camp Bush, la classe politique affirme « ne pas vouloir se laisser dicter sa ligne politique par la rue », il est intéressant de noter que son ton a changé. Une alchimie a fait que la charge de la preuve a changé de camp. C’est désormais aux faucons à faire la preuve que leur solution est la meilleure. Le Conseil européen de ce lundi 17 février manifeste subtilement ce glissement des positions.

La naissance politique d’une nouvelle culture ?

Mais il faut creuser encore un peu. A l’aube du XXI° siècle, cette manifestation mondiale du 16 février contribue aussi à la naissance politique d’une nouvelle culture politique citoyenne. Cette nébuleuse de 25% de citoyens vivant des valeurs nouvelles, devient politiquement visible pour la première fois. Que pensent ces lecteurs de publications comme « Agenda Plus » à travers le monde ? Ils /elles désapprouvent en bloc la politique guerrière de Bush et de son équipe. Mais derrière cette désapprobation, il y a une nouvelle vision politique en gestation. Elle est en faveur des Nations Unies et d’une amplification de leur rôle, dans le contexte d’un multilatéralisme renforcé. Elle veut promouvoir une responsabilité éthique collective de l’humanité vis à vis de son futur et de la vie. Elle refuse aussi un système politico-économique qui ne respecte pas l’environnement et augmente trop les inégalités. Elle est plutôt intéressée de savoir ce qui peut sortir de la pensée « altermondialiste » symbolisée par les rencontres de Porto Alegre, au Brésil.

L’émergence de valeurs plus féminines

Dans ce groupe de créateurs de culture n’oublions pas que 66% sont des femmes. Un des noyaux de ce mouvement d’opinion émergent est le refus définitif des manifestations guerrières et violentes du pouvoir patriarcal, dont Bush et son équipe sont des caricatures vivantes. Pour la majorité des femmes
– et les photos les montrent nombreuses à participer – cette manière violente, arrogante pyramidale et simpliste de gouvernance et de gestion des conflits est désormais inacceptable.

Marc Luyckx Ghisi